Des foyers comme des scènes
Du 23 au 26 juin 2025, dix-neuf services d’art à domicile ont vu le jour dans les maisons du capdenacois. Des instants suspendus, au creux du quotidien, portés par quatre artistes, cinq auxiliaires de vie chez dix-sept bénéficiaires. Ensemble, ils ont dessiné les contours fragiles d’un espace de rencontre rare : celui où l’art s’invite dans l’intimité du chez-soi.
Avec l’ADMR du pays de Capdenac, cette expérience du Service d’art à domicile continue à tisser un lien discret et profond avec les anciennes et les anciens. Une proposition pour réenchanter l’ordinaire et faire entrer de la beauté, du jeu et du soin autrement.
Présences et gestes d’attention
« Ça me redonne foi en l’humanité », s’exclame Inès, auxiliaire de vie à la fin de cette semaine. Signe que le Service d’art à domicile est pour toutes et tous une respiration dans le quotidien. De ces quelques mots se dégage la puissance des rencontres, la douceur des instants partagés et la force du sensible.
Pour les artistes, c’est le saut dans l’inconnu, une relation brute, immédiate, sans scène, sans fard, ni distance. Une confiance fragile à accueillir. Un pas de côté pour chacune et chacun, où tout détail compte.
Quatre artistes, quatre manières de prendre soin
Avec ses marionnettes cousues main, Juliette Prillard est entrée chez les personnes. Dans une attention artistique toujours bienveillante, elle a pris soin du regard, de l’écoute et parfois même des objets cassés. Entre deux échanges, elle répare une lampe, invite à créer ensemble en revisitant un objet du quotidien qu’elle s’autorise aussi à détourner.
Inès Cassigneul, avec son banjo et ses fils de broderie, tissé des bouts de vie, recueille des souvenirs, dessine des maisons et des paysages intérieurs. Son passage ressemble à un murmure, une cartographie sensible, avec des propositions cousues main avec le cœur.
Elsa Guérin fait entrer la danse et le jonglage à domicile. Avec trois balles, elle dessine des gestes simples, presque invisibles, ouverts au jeu, au silence et à la complicité. Quelques bénéficiaires pris au jeu se mettent à jongler, sourire aux lèvres, redécouvrant par le jeu leurs âmes d’enfants.
Pauline Thollet, a glissé son appareil dans les interstices de ces instants fugaces. Témoin discrète, presque invisible, elle a saisi les regards, les gestes tendres, les mains qui se frôlent. Puis, elle aussi entre dans la ronde des propositions. Elle nous livrera des images de ces instants fugaces très bientôt.
Là où l’art rencontre la vie
Ce qui s’est passé là, dans ces pièces modestes et habitées, ne se rejouera pas. C’est la nature même de cette forme : vivante, unique, non reproductible. Quelques traces ici et là d’un passage restent dans la maison. Un courrier, une photo témoignent de ce qui fut pourtant bien là et convoquent le souvenir.
Né en 2021 à l’initiative de Fred Sancère, directeur de Derrière Le Hublot, le Service d’art à domicile a d’abord été expérimenté sur le territoire capdenacois avant d’évoluer vers un modèle partageable à d’autres territoires. Il interroge le soin, la place de l’art dans nos vies, et l’attention portée aux plus vulnérables. Il favorise également de nouvelles formes de relation entre artistes, bénéficiaires et professionnel·le·s du soin.
Partenaires
Le Service d’art à domicile est mené par Derrière Le Hublot en partenariat avec :
Avec le soutien de :
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- Ministère de la Culture – Délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle
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- Direction générale de la création artistique – Lauréat de l’appel à projets “Recherche en théâtre et arts associés”
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- ANCT – Agence nationale de cohésion des territoires – Massif central
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- FNADT – Fonds national d’aménagement et de développement du territoire – Massif central
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- Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée
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- Conférence des financeurs de la prévention de la perte d’autonomie (ARS, CARSAT, MSA, CPAM, AGIRC-ARRCO, ANAH, Mutualité française, Rodez agglomération)
Le projet a été finaliste du Prix Cognacq Jay en 2021