Lo Camin & Cabaret paysan : danser l’Aveyron, de la Truyère au GR®65
En 2024, Julie Desprairies et Elise Ladoué posent leurs valises en Aveyron, invitées par le département, L’Essieu du Batut et Derrière Le Hublot pour une résidence chorégraphique hors norme avec le soutien de la Drac Occitanie dans le cadre du dispositif Mieux produire, mieux diffuser.
Leur mission ? Créer Lo Camin, un chemin dansé le long du Lot, né des rencontres, des gestes et des récits des habitants. Pas de scène fixe ici le territoire devient partition, les savoir-faire locaux se transforment en chorégraphie et les paysages en décor vivant. Un an plus tard, l’aventure se poursuit avec la même méthode pour imaginer Cabaret paysan – spectacle déambulatoire où se mêlent tradition et modernité, ruralité et cabaret, sur le tracé du GR®65. Deux créations nées d’une même envie : faire danser l’Aveyron, avec celles et ceux qui le vivent.
Un nouveau territoire à danser
Depuis l’automne 2025, Julie Desprairies et Elise Ladoué continuent de parcourir les paysages, le long du GR®65, entre Livinhac-le-Haut, Decazeville, la Communauté de communes de Conques Marcillac, la communauté de communes Comtal Lot et Truyère et s’ancrent dans un voyage nomade. Le Cabaret paysan se présente comme un spectacle déambulatoire où le cabaret, souvent associé à la ville, rencontre la ruralité aveyronnaise. Julie y voit une opportunité unique : confronter deux univers en apparence éloignés – la scène du cabaret et la vie des campagnes – pour en révéler les points de rencontre, les frictions, et surtout, les poésies partagées. L’idée ? Faire du chemin lui-même une scène, où chaque pas, chaque rencontre, devient une esquisse du spectacle à venir, avec pour scénographie, les paysages et pour dramaturgie, l’esthétique du cabaret. Ici, elles croisent l’histoire minière du bassin decazevillois, les paysages marqués par l’industrie et l’agriculture, là, les savoir-faire artisanaux, la musique, les danses traditionnelles et la vitalité de la ruralité qui offrent une matière riche et contrastée.
Rencontres et complicités : les visages du Cabaret paysan s’esquissent
Invité par Julie Desprairies, Fred Sancère l’accompagne dans les repérages, les écritures de paysage et cosigne la pièce avec elle. Comme pour Lo Camin, la création de Cabaret paysan repose sur une immersion totale d’une semaine par mois environ. Au cours des premiers temps de résidences, du 5 au 7 novembre, puis du 2 au 6 décembre 2025, Julie et Elise rencontrent des artistes et performeuses susceptibles de devenir les complices de ce second opus : les acrobates des Canardes boîteuses, Romane Bos et Manouk Guibert, le joueur de cabrette Antoine Charpentier, Coco Damoiseau, drag queen originaire de l’Aveyron et aujourd’hui basée à Toulouse, les danseuses Mélissa Cornu et Eléonore Clary, plutôt basée autour de Figeac. Elles font également la connaissance d’artisans et autres figures locales, porteuses de savoirs et de savoir-faire, elles s’incarnent en Yves Lacout, président du Musée des mémoires de Cransac-les-Thermes, Atomic Ben, boulanger punk emblématique de Decazeville, Thierry Plenecassagne, charpentier de Vivre seule, œuvre d’art refuge d’Elias Guenoun, qu’elles ont déjà rencontré, ou encore Laurence Wenzeck, adjointe au maire de Livinhac-le-Haut. Elles croisent aussi des habitantes et habitants, les enfants de l’école de Livinhac-le-Haut, le groupe de danse folklorique Lous Castelous, des agriculteurs, vignerons, tous celles et ceux qui, par leur présence et leurs pratiques, dessinent le visage vivant du pays. Chaque rencontre est l’occasion de collecter des gestes, des récits, des musiques, des objets, qui deviendront autant d’éléments du futur cabaret.
Des figures et des talents commencent déjà à émerger après ces deux premières semaines de résidences et Julie et Elise laissent agir la force de leur proposition et la qualité de leur attention pour convaincre les personnes d’embarquer dans l’aventure avec elles. Ici, on esquisse un Monsieur mémoire, là, un groupe d’enfants dévoilera ses talents, ailleurs on découvrira des métissages chorégraphiques entre partition contemporaine et danse folklorique.
Julie Desprairies ne chorégraphie pas seulement les corps en mouvement mais tisse des liens. Sa méthode repose sur plusieurs principes clés :
- L’immersion : passer du temps avec les habitants, partager leurs quotidiens, comprendre leurs attachements aux lieux.
- La co-création : impliquer chacun dans la construction du spectacle, que ce soit par la danse, le chant, le récit ou la fabrication d’objets scénographiques.
- La valorisation des savoir-faire : mettre en lumière les gestes du quotidien et les transformer en numéros de cabaret.
- La marche comme fil rouge : le spectacle s’inscrira dans un parcours, une déambulation où le public découvrira, étape après étape, les différentes facettes du territoire.
Le Cabaret paysan : un spectacle entre tradition et modernité
Le Cabaret paysan n’est pas un spectacle mais un portrait dansé de l’Aveyron rural, dessiné à travers les corps, les paysages et les histoires de celles et ceux qui habitent le GR®65 et ses alentours. Julie Desprairies y mêlera tradition et modernité, savoir-faire locaux et création contemporaine, pour révéler ce qui relie les gens aux lieux et aux autres. Le public sera invité à une grande marche, du petit matin au soir tard, ponctuée de numéros de cabaret : performances dansées, chants, récits, interventions musicales, moments de magie et de poésie. Chaque étape du parcours mettra en valeur une facette des lieux, chaque participant deviendra interprète d’un récit commun.